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Lettre dans laquelle Baudelaire annonce son suicide à son notaire

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Commentaires: 2
  • #1

    daniel.pisters@telenet.be (mardi, 25 décembre 2018 21:57)

    Baudelaire... Un de mes dieux! Camille Claudel aussi a subi un coup vache de sa famille, de son frère et de Rodin lui-même, pour des raisons sans doute différentes. Je ne connais pas du tout la relation de Baudelaire avec son notaire et ni avec les gens si ce n'est celui-ci même qui l'ont géré en tant que tuteurs. Ce serait intéressant. Je vais m'informer.

  • #2

    daniel.pisters@telenet.be (mardi, 25 décembre 2018 23:04)

    Problème pour accéder à votre site sur Facebook qui m'a redirigé sur ce blog. J'y reproduis donc ce qui vient peut-être d'être censuré par le Système (peu probable, plutôt problème technique de synchronisation des serveurs):

    Ne perdons pas de vue que Baudelaire est l’Heautontimrouménos:

    Je suis la plaie et le couteau!
    Je suis le soufflet et la joue!
    Je suis les membres et la roue,
    Et la victime et le bourreau!

    Dans l'adolescence, j'avais lu le Baudelaire de Sartre, très judicieuse analyse en son point de vue existentielle faisant ressortir la tendance morbide de Baudelaire d’utiliser son monde pour se faire souffrir. En effet et j’en fais l’expérience moi-même dans une moindre mesure et de façon fort différente de la sienne puisque j’adore ma famille qui s’est toujours réduite à mes parents (les autres « proches », peu nombreux d’ailleurs, étant secondaires). Cette analyse existentielle ou existentialiste est plutôt systémique car Baudelaire autoalimente son brasier intérieur brillant d’un feu noir et négatif en y jetant les ennuis avec le monde extérieur comme des bûches.

    L’analyse de Sartre m’a paru à l’époque, judicieuse à maints égards mais le philosophe cache à peine son mépris pour son sujet qui m’est, au contraire, profondément sympathique, autant que la clique existentialiste m’est antipathique (je ne vais pas critiquer Simone de Beauvoir sinon on va me taxer d’antiféminisme ni l’autre Simone, la Veil, sinon je serai taxé d’antiféminisme et surtout d’antisémitisme – ce qui est un peu vrai d’ailleurs – mais j’ignore le rapport de la seconde avec les existentialistes).

    Je ne sais par quelles contorsions dans l’Être et Néant, ce crapaud bigleux de Sartre réinvente cette supercherie augustinienne de Libre Arbitre. En somme, Baudelaire était libre de se faire souffrir… D’abord, il était déterminé (et donc pas libre) par sa propre morbidité systémique et ce n’est pas lui qui s’est inventé sa mégère de mère, ni le notaire sans doute zélé pour satisfaire à son propre bénéfice les ennemis de Baudelaire. Ce n’est pas le poète non plus qui s’est inventé un procès contre les Fleurs du Mal.

    Le Spleen de Baudelaire est sans doute une angoisse du vide que les psychanalystes pourraient expliquer par le vide affectif du côté de son exécrable mère. Mais il est des milliards d’individus qui y réagiraient autrement qu’en écrivant une telle poésie, mais par les déchets sous toutes formes de leur médiocrité inhérente.

    A défaut de laisser une trace dans l’Histoire, les gens laissent leurs sales traces sur vous.
    La souffrance que Baudelaire génère en lui-même (pour mille raisons qui ne se réduisent pas à la « cause » existentialiste) ne peut s’apaiser qu’en peuplant son enfer intérieur par des démons extérieurs.

    Dans le contexte des tutelles, il y a lieu, parfois, de se demander si, à leur échelle, certains majeurs protégés ne se fabriquent pas un démon à leur mesure au travers de leur tuteur. Certes ce démon de catégorie inférieure existe bel et bien, mais l’Inconscient au sens freudien (et aussi jungien) possède à un degré de raffinement inouï l’art de choisir des acteurs jouant le jeu d’une phantasmatique personnelle dans le monde réel. Ce don est évidemment favorisé par le nombre, le pullulement infectieux de tels acteurs n’attendant, en masse comprimée aux portes de l’inconscient de leur victime, que d’être désignées par elle comme par un grand réalisateur, voué au sacrifice de l’anonymat.
    Dans l’optique freudienne, la rencontre du tuteur se produirait donc comme un acte manqué, ou comment se coincer le doigt dans l’entrebâillement d’une porte au lieu de l’ouvrir.

    Dans l’optique jungienne, assez farfelue, presque mystique, si on la prend au premier degré, le petit démiurge s’invente carrément une porte non pour l’ouvrir, en l’occurrence, mais pour pouvoir s’y coincer le doigt. Et cette méchante porte se matérialise. Il ne s’agit même pas de projeter un monstre que l’on a en soi sur une chose existant indépendamment de lui, cette porte est un coinceur de doigt qui vient mystérieusement à votre rencontre par les détours jamais hasardeux de l’inconscient collectif dont participe le coinceur comme le coincé.